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Chungju 2013, grille de lecture et pronostics

On the Road to Rio


1. 2013, Renaissance. Une année post-olympique comme les autres ? Analyse, grille de lecture et pronostics en vue des championnats du monde de Chungju. Par François BOURQUIN

 

Année post-olympique rime souvent avec césure, alors qu’il arrive que certains rameurs s’absentent des bassins internationaux pendant un, voire deux ans avant de revenir, parfois juste à temps pour se qualifier pour les Jeux Olympiques suivants. D’autres encore prennent leur retraite seulement pour en ressortir à l’approche de la grande échéance. Drew Ginn , Eskild Ebbesen ou encore Iztok Cop en furent coutumiers. Les roumaines Susanu-Andrunache, détentrices de l’or olympique à Pékin et Athènes, auront poussé cette logique à l’extrême en ne réapparaissant sur les bassins internationaux qu’à Munich lors de la dernière coupe du monde avant les Jeux. En cette année post-olympique plusieurs sportifs auront décidé se consacrer à des projets sportifs parallèles: de la traversée de l’Atlantique pour Julien Bahain aux Iron Man ou l’ascension du mont Kilimandjaro pour Mahé Drysdale, il y en a pour tous les goûts. Année post-olympique rime aussi souvent avec expérimentation, rebattage des cartes et recherche de coques à potentiel, avec les JO de Rio déjà en ligne de mire. Des équipages recomposés sont donc affichés, des coupleux s’essayeront à la pointe, et inversement.Des entraîneurs changent d’écurie, par choix ou lorsqu’ils ont été remerciés comme Mike Spracklen, qui après avoir entraîné en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et au Canada, prendra ses fonctions en Russie. L’année post-olympique est enfin l’occasion pour les plus jeunes, pas encore usés par quatre ans de travail acharné, de convoiter la place de leurs aînés, et pour les vétérans de bénéficier parfois d’une sélection plus aisée qu’en année olympique. Malgré la dure réalité économique et les coupes budgétaires drastiques dont souffrent certaines fédérations et qui auront poussé certains athlètes à abandonner le haut niveau, comme les très talentueux jumeaux grecs Gkountoulas, champions du monde et promis à un bel avenir, 2013 s’annonce néanmoins faste. Que les championnats du monde se tiennent en Corée du Sud, occasionnant de fait des coups plus élevées pour de nombreuses fédérations, n’empêchera pas une densité exceptionnelle et un niveau digne d’une année olympique d’être au rendez-vous. Les absents ne se feront pas sentir.

Ekaterina Karsten en double scull, une vacance du pouvoir en skiff ?


Du côté du skiff féminin, l’absence de la double championne olympique et sextuple championne du monde biélorusse Ekaterina Karsten ne se fera étonnamment pas ressentir alors que cette catégorie semble avoir retrouvé une densité saine. La très grande et puissante australienne Kim Crow, médaillée olympique dans cette catégorie ainsi qu’en double -et ainsi seule athlète à remporter deux médailles à Londres- fait figure de favorite après une très belle saison et deux victoires en coupe du monde, à Sydney ainsi qu’à Lucerne. La Néozélandaise Emma Twigg figurera dans la course pour les médailles ainsi que la tchèque Mirka Knapkova, championne olympique en titre et habituée des podiums, alors que l’américaine Eleanor Logan, connue jusque-là pour ces prouesse en huit de pointe aura montré qu’elle n’était pas dépourvue d’atouts dans la plus petite embarcation, après le bronze à Eton et l’argent à Lucerne. La chinoise Xiuyun Zhang, championne du monde 1993 en quatre de couple, vice-championne olympique en deux de couple en 1996 est forte de vingt ans d’expérience. Après les championnats du monde de Poznan (2009) elle avait fait le choix d’entraîner, mais restant malgré tout plus rapide que ses rameuses, elle décida que sa carrière n’était après tout pas finie. Ayant remporté de nombreuses médailles en coupe du monde, cette année sera l’occasion de remporter sa première médaille en championnat dans cette catégorie. La skiffeuse russe Julia Levina peut parfois passer inaperçu, il est vrai que depuis ses succès en quatre de couple (médaille de bronze aux JO de Sydney en 2000) et sa médaille d’argent en skiff il y a douze ans à Lucerne en 2001, la vétérane a du mal à renouer avec les podiums. Attention quand même car il lui arrive encore d’avoir de rares accès de brillance, comme à la coupe du monde de Munich et aux championnats d’Europe en 2010 où seule Karsten fut plus rapide. De nouveaux arrivants viennent rendre cette compétition passionnante, comme la championne du monde -23 autrichienne Magdalena Lobnig, qui n’a peur de rien ni de personne. La championne du monde 2010 suédoise Frida Svensson, rêve de renouer avec les podiums et lorsqu’elle est en forme peut s’avérer dangereuse. Team Hacker récidive

Mahé Drysdale, Ondrej Synek et Alan Campbell. Ces trois géants se partagent le podium depuis 2009. Drysdale remporta son quatrième titre mondial à Poznan en 2009 avant de s’incliner devant le tchèque à domicile sur le lac de Karapiro en 2010 avant de renouer avec la victoire en 2011 à Bled et de confirmer cette performance sur le bassin d’Eton Dorney. Le Néo-Zélandais, sorti en quart de finale des régates royales d’Henley par Aleksandrov, 5e à Londres, et en break post-olympique, fera son grand retour à la compétition. Après longue réflexion, il prolongera l’aventure jusqu’à Rio, qu’il aura donc en tête lors de ces championnats du monde. Sa performance à Henley ne nous permet pas de juger de son état de forme, peut-être en deçà de ses standards habituels, mais il est fort à parier qu’il ne fera pas le déplacement pour les beaux yeux des coréennes. Le grand favori sera donc le tchèque, d’apparence souveraine à Seville aux championnats d’Europe ainsi qu’à Eton et Lucerne. Alan Campbell devra remettre les pendules à l’heure après des performances en demi-teinte et un gros manque de fraîcheur manifeste à Lucerne. Le stage terminal, dont une partie effectuée en altitude à Silvretta en Autriche l’aura sûrement fait reprendre un cran.

Le nom de Marcel Hacker est presque devenu légende après la course d’anthologie et suicidaire qu’il aura menée face à Drysdale à Eton en 2006, lequel sur la ligne privera l’allemand de l’or alors que les deux skiffeurs auront sérieusement amputé le World Best Time de l’époque. Champion du monde en quatre de couple, médaillé de bronze à Sydney en 2000, champion du monde à Séville en 2002, 2e à Milan (2003) et Eton (2006) il est réputé pour être imprévisible, capable du meilleur comme du pire, comme lors des JO d’Athènes et de Pékin, où il aura dû se contenter d’une victoire en finale B. S’il n’est pas, ou plus l’homme le plus physique du lot, sa technique est sans aucun doute l’une des plus abouties. Après une belle deuxième place à Lucerne au terme d’une course engagée, une médaille serait envisageable pour Team Hacker à Chungju. Attention aussi au cubain Angel Fournier Rodriguez, multiple médaillé en coupe du monde en 2012 mais qui étonnamment échouera aux portes de la finale à Londres. Sa solide troisième place à Lucerne laisse envisager une solide performance à Chungju. Nouvel arrivant dans la discipline, 3e aux championnats d’Europe et finaliste à Lucerne, Roel Braas, issu du huit néerlandais, a les moyens de faire parler de lui. En plus d’attributs physiques certains, il a fait preuve d’une grande finesse lors de sa transition du huit au skiff. Le bulgare Georgi Ozhilov, vainqueur à Sydney, pourrait sur un malentendu prétendre à une médaille. Une empoignade passionnante en perspective !

L’étau se resserre autour des britanniques.


Rebecca Scown et Juliette Haigh, championnes du monde en 2010 et 2011 devant les britanniques Heather Stanning et Helen Glover, auront laissé ces dernières apporter à l’aviron féminin britannique son premier titre olympique de l’histoire, un symbole qu’auront su apprécier les 30000 spectateurs présents à Eton et qui les aura propulsées au statut d’héroïnes Outre-Manche. Chacun des deux sans barreur perdant l’un de ses membres, c’est avec Polly Swann qu’Helen Glover continue d’être invaincue depuis Belgrade (2012). Après des victoires avec la manière à Sydney, Eton et Lucerne pour les britanniques, Kayla Pratt et Rebecca Scown, dominées à Eton, auront su faire preuve d’opiniâtreté à Lucerne et revenir très fortement sur les britanniques. Des écarts ayant tendance à se réduire tout au long de la saison nous permettent d’espérer une course intense entre ces équipages d’exception, avec derrière un podium peut-être complété par la paire américaine qui a aura su mettre toute l’expérience de Meghan Musnicki, issue du huit, à profit pour terminer 3e à Lucerne. La Roumanie, feu nation dominante de l’aviron de pointe féminin, perpétue les succès du deux sans barreur (les roumaines remporteront l’or à Sydney, Athènes et Pekin) au niveau européen et la paire championne d’Europe aura fort à faire face à une telle concurrence. Il restera l’argent et le bronze

Difficile d’omettre les noms d’Eric Murray et de Hamish Bond lorsque le deux sans barreur est évoqué. Invaincus depuis la coupe du monde de Munich en 2009, quadruple champions du monde (dont en quatre sans barreur en 2007), détenteur du World Best Time, champions olympiques et archi-favoris pour l’emporter en Corée, ils sont LA référence. Au point de concurrencer la paire Redgrave et Pinsent ainsi que les jumeaux Landvoigt (RDA, champions olympiques 76-80) comme meilleur deux sans de l’histoire. La route est encore longue jusqu’à Rio avant de pouvoir entrer dans le Panthéon… Tellement dominateurs, à l’instar des australiens Drew Ginn et Duncan Free lors de l’olympiade précédente, qu’ils auront dissuadé nombre de leurs adversaires, dont parmi eux figuraient les britanniques champions olympiques en quatre sans Adrew Triggs Hodge et Peter Reed, lesqels furent réintégrés dans le quatre sans pour les Jeux. Autre bateau inchangé, les vice-champions olympiques Germain Chardin et Dorian Mortelette. Issus du quatre sans français bronzé à Pékin et champion du monde en 2010 à Karapiro, ils s’étaient révélés à la coupe du monde de Poznan en 2008 en prenant la tête de la finale, où seuls le bateau néozélandais du moment, champion du monde, double vice-champion du monde et qui allait remporter le bronze à Pékin, put les battre. Après une victoire facile à Sydney en début de saison, la paire peine à trouver ses marques, après une 6e place lors des championnats d’Europe à l’issue d’une course en demi-teinte et une 5e place à Lucerne derrière les Néo-zélandais, de brillants italiens à surveiller et de très courageux espagnols. Affaire à suivre… Les cartes sont rebattues

Kathrin Boron, les jumelles Evers-Swindell, Katherine Grainger, de grands noms seront passés par l’épreuve du double-scull féminin. En l’absence d’équipages médaillés olympiques, la porte est ouverte pour de nouveaux prétendants au titre comme les lituaniennes Vistartaite/Valciukait, petites par la taille mais un duo formidable, championnes d’Europe et victorieuses à Lucerne devant les néozélandaises et les américaines, comprenant une habitué du double, Elen Tomek, elle-même victorieuse à Lucerne en 2009 et finaliste olympique à Pékin. A noter le retour à la compétition d’Ekaterina Karsten, l’infatigable biélorusse, dont le palmarès remonte à 1991 lorsqu’elle remporta une médaille de bronze dans cette même catégorie avant de remporter le bronze aux Jeux de Barcelone (1992) en quatre de couple, l’or à Atlanta et Sydney et skiff, l’argent à Athènes et le bronze à Pékin avant de terminer à la cinquième place des jeux de Londres, victime d’un vent de travers défavorable. A 41 ans elle fait figure de doyenne avec sa partenaire Yuliya Bichyk, une habituée du deux sans barreur (médaille de bronze à Athènes et Pékin, championne du monde 2007). La paire anglaise Houghton/Meyer-Laker, pourtant imposante physiquement n’arrive pas à faire le poids face à des équipages certes moins puissants mais plus dynamiques. Mano a mano


Déjà l’une des catégories les plus compétitives à Pékin, le deux de couple offre encore cette année des courses âprement disputées. Contrairement à en 2009, où seule la paire anglaise Wells-Robotham survécut intacte, de nombreux équipages demeurent inchangés, comme les argentins Suarez et Rosso, les lituaniens Mascinskas et Ritter, les norvégiens Hoff et Borch ainsi que les champions du monde 2009 Eric Knittel et Stephan Krueger (photo), pressentis pour une médaille voire le titre à Londres, mais succombant en demi-finales comme les champions olympiques australiens Brennan-Crawshay, les français Bahain-Berrest et les norvégiens. Leur agressivité contraste fortement avec l’apparente simplicité et décontraction du nouveau duo néozélandais Robert Manson et Michael Arms, issu du quatre de couple ayant couru la finale B à Londres. Invaincus cette année, ils sont favoris pour remporter le titre en Corée et assurer une continuité de victoires dans cette catégorie pour la Nouvelle-Zélande après les titres mondiaux en 2010 et 2011 et le titre olympique en 2012. Un monde pourtant les sépare de leurs compatriotes et auteurs de ce palmarès, Nathan Cohen et Joseph Sullivan, qui émerveillaient par leur agressivité et leur capacité à conjurer des sprints exceptionnels. Autres sprinteurs talentueux, les rameurs transalpins seront à surveiller. Romano Battisti avait pris le monde par surprise en allant prendre la tête de la finale olympique avec Alessio Sartori, revenu des limbes, et remporter la médaille d’argent à Londres. Cette année, accompagné de Francesco Fossi il aura su mettre ce sprint à profit pour arracher l’argent européen à Séville, et à Lucerne devant les allemands. Les géants norvégiens, vainqueurs à Munich en 2012, et lituaniens seront à surveiller de très près. Les argentins, révélation à Eton lors des Jeux ont comme objectif l’or olympique à Rio et pourraient nous surprendre malgré un début de saison difficile. L’assaut des yankees

Chasse gardée de la flotte anglaise depuis 1997, les équipages britanniques, menés par des rameurs tels que Redgrave, Pinsent et Cracknell avant que le flambeau ne soit passé à leurs non moins brillants cadets, ont fait carton plein en raflant huit des douze titres mondiaux du quatre sans barreur mis en jeux ainsi que la totalité des quatre titres olympiques durant cette période (Sydney, Athènes, Pékin, Londres), transcendant de fait ce bateau en un symbole Outre-Manche. Pourtant ce bateau phare sera délaissé au profit du huit, n°1 dans la hiérarchie britannique. Les vice-champions olympiques australiens auront donc eu les mains libres pour remporter les deux premières étapes de coupe du monde, et ce sans l’aide de Drew Ginn, membre du légendaire « Oarsome Foursome » qui -cette fois pour de bon !- raccrochera les avirons. Les italiens, troisièmes à Lucerne seront dangereux, ainsi que les néerlandais et les puissants biélorusses, mais la révélation de cette année sera venue d’Outre-Atlantique. Pour la première fois depuis 2004, un quatre sans américain créera la sensation en gagnant à Lucerne. Il y a douze ans, ces rameurs dont Bryan Volpenheim allaient ensuite devenir champions olympiques en huit à Athènes, et remporter une victoire salvatrice après les déboires du huit américain lors des jeux d’Atlanta et de Sydney. Coïncidence, c’est ce même Bryan Volpenheim qui dirige le secteur pointe masculin actuel. Les anglais risquent de ne pas voir d’un bon oeil les yankees mettre la main sur les joyaux de la couronne… Le roi est mort, vive le roi !

Assurément l’une des catégories les plus ouvertes de ce championnat. Les épreuves du double poids léger se courront en effet en l’absence de tout participant à la finale olympique l’an passé sur les eaux d’Eton Dorney qui avait vu les danois s’imposer devant les champions du monde et olympiques en titre anglais, suivis par les néozélandais avec le bateau français finissant à la quatrième place. Ayant déjà montré qu’ils pouvaient jouer la gagne en 2012 en s’imposant à Lucerne puis en décrochant la deuxième place à Munich, c’est invaincus que Jérémie Azou et Stany Delayre s’apprêtaient à embarquer pour les eaux coréennes de Chungju, n’ayant d’yeux que pour l’or, et ainsi offrir à la France son premier titre de l’histoire dans cette catégorie. C’est sans compter sur le tragique incident à l’entraînement qui faillit coûter à Stany Delayre bien plus que sa place en équipe et l’or mondial. Il y aura donc foule pour s’emparer des places en finale et des médailles. Mal avisé serait celui qui s’aventurerait à désigner un favori. Les norvégiens, vice-champions d’Europe paraissent très solides. Les bateaux transalpins nous ayant habitués à figurer sur les podiums, Andrea Micheletti et Pietro Ruta auront à coeur de ne pas créer l’exception. Les frères Chambers, vice-champions olympiques en quatre sans barreur sous le drapeau britannique ont fait preuve d’une grande régularité et auront sûrement peaufiné leur fin de course. Les grecs, polonais (surprenants vainqueurs à Eton), les Muda, jumeaux néerlandais ainsi que les Sieber, frères autrichiens seront dans le paquet. Il faudra batailler dur. Better, faster, stronger

Le skiff poids léger, catégorie non olympique aura cette année une saveur tout à fait particulière. Souvent considérée, surtout en année olympique, comme une épreuve de consolation pour les athlètes n’ayant pas été sélectionnés dans l’embarcation olympique, le deux de couple, il n’en sera rien cette année. La startlist n’est pas des moins prestigieuses : le triple champion du monde néozélandais Duncan Grant, , le double champion du monde et détenteur du record du monde à l’ergomètre danois Henrik Stephansen, (5:56.7), le finaliste olympique portugais Pedro Fraga, l’homme le plus rapide du monde (6:46.93), double vice-champion du monde, champion du monde -23, double vainqueur à Lucerne et finaliste olympique français Jérémie Azou….le ton est donné. A ce très beau plateau s’ajoutent le talentueux hongrois Peter Galambos ainsi que l’allemand Jonathan Koch, un habitué. Ouvrez l’oeil, et le bon ! car le spectacle sera fabuleux.

La chevauchée fantastique

Le Danemark. Maison mère du quatre sans poids légers. Remportant trois des cinq éditions olympiques depuis son introduction en 1996, cette nation, en la personne d’Eskild Ebbesen, qui vient de recevoir la très honorifique « Thomas Keller Medal » pour ses services rendus au sport, vit toute entière pour cette épreuve du quatre sans poids léger. Seulement, après avoir pris le commandement de la finale olympique à Eton Dorney, les danois virent l’or olympique leur échapper, battus sur la ligne par les britanniques et les sudafricains. Une énorme sensation. Cette année c’est un équipage néozélandais newlook, comprenant Peter Taylor, champion du monde et médaillé olympique en double poids léger qui s’est imposé comme le bateau à abattre après trois victoires consécutives en coupe du monde dont deux contre le bateau danois, très convaincant champion d’Europe. Les sud-africains n’ayant fait leur rentrée qu’à Lucerne pour raisons budgétaires auront su monter en puissance après un éliminatoire catastrophique pour prendre une belle quatrième place, laissant suggérer qu’ils seront de sérieux prétendants au podium à Chungju. Les néerlandais et les anglais seront à surveiller. Echouant aux portes de la finale, l’embarcation française sera très probablement beaucoup plus compétitive en Corée du Sud après un solide stage terminal. Le retour de la Mannschaft

Depuis son introduction au programme olympique en 1988, l’Allemagne fit du quatre de couple son épreuve de prédilection, en remportant toutes les éditions jusqu’en 2005 où le témoin fut passé à la Grande-Bretagne (Or en 2005, 2006, 2007) qui en fit sa meilleure chance de remporter son premier titre olympique féminin de l’histoire, espoir déçu puisque ce furent les chinoises qui, quinze ans après leur victoire surprise en 1993, s’imposeront. L’Ukraine, la Grande-Bretagne et l’Allemagne se partagèrent les titres mondiaux lors de la précédente olympiade avant que l’Ukraine, au-dessus du lot, remporte l’or olympique. L’Allemagne, pour qui l’alchimie entre jeunesse et expérience semble fonctionner, devrait logiquement l’emporter, alors que la Pologne aligne une embarcation solide, forte de l’expérience de Magdalena Fularczyk, championne du monde (2009) et médaillée olympique en deux de couple. Le très jeune quatre de couple australien aura fait des merveilles cette année, et nous réserve de nombreuses belles surprises pour l’avenir. GER Vs. CRO


Ite misa est. Inutile d’aller plus loin pour décrire le scénario de ce qui fut, et de ce qui sera. Les polonais, archi-dominateurs au cours de l’olympiade menant à Pékin auront remporté au passage tous les titres (Gifu, Eton, Munich) puis l’or olympique, ainsi que l’or à domicile en 2009 sur le bassin agité de Poznan, une première. Les croates (Sinkovic/Martin/Sinkovic/Sain) firent une entrée fracassante en 2009 à la coupe du monde de Munich en y battant les polonais. Ils enchaînèrent succès après succès et remportèrent l’or mondial à Karapiro. Retour à la réalité en 2011 à Munich où ils furent battus par les allemands avant de leur rendre la pareille à Hambourg, pour finalement exploser en plein vol à la dernière étape de la coupe du monde à Lucerne et finir à la troisième place aux mondiaux à Bled derrière les allemands, qui 50 mètres avant le sacre mondial furent arrêtés sec par une fausse pelle et durent concéder le métal doré aux australiens. 2012 fut faste pour les quatre jeunes croates invaincus jusqu’à la finale olympique remportée par l’équipage germanique. Leur premier affrontement eut lieu cette année au championnat d’Europe qui vit les allemands (Grohmann/Schoof/Heinrich/Schultze) sacrés avec la manière et les croates finir loin derrière. On apprendra par la suite qu’ils furent ralentis par une fausse pelle. A la coupe du monde d’Eton les croates ne laissèrent aucune chance au bateau allemand, idem à Lucerne, et apparaissent comme favoris au titre mondial. Les Estoniens, quatrième aux JO et les anglais 5e à cette occasion devraient se disputer le bronze. Attention toujours au bateau transalpin, mené par le champion olympique de Sydney Simone Raineri, jamais loin d’un coup d’éclat et qui pourrait venir jouer les trouble-fêtes, idem pour les russes. Pour les allemands champions olympiques il s’agira de faire oublier l’épisode de la fausse pelle à Bled et regagner le titre qui leur avait alors échappé, alors que les croates auront à coeur de renouer avec l’or en championnat majeur. Et bis repetita non placent…

En finale des championnats du monde de Milan en 2003 le huit américain fut arrêté net dans son élan par une fausse pelle. En 2004 il dut s’incliner face au huit roumain et se contenter de l’argent olympique. En 2005, en tête de la course, le huit américain vit les australiennes, roumaines et autres néerlandaises les dépasser, et finit à la quatrième place. Après plusieurs années à toucher l’or sans pouvoir pour autant en disposer, ce fut la razzia. Championnes du monde en 2006, 2007, 2009, 2010, 2011, championnes olympiques à Pékin 2008 puis à Londres 2012, l’or ne devait plus leur échapper. A un tel point que ces courses n’intéressent plus grand monde. 2013 voit une écurie roumaine retrouver des couleurs et finir 2e à Lucerne derrière le huit le plus rapide de l’histoire (nouveau WBT dans des conditions pas particulièrement favorables), suivies par les canadiennes. Changement de paradigme ?

Le huit de pointe. Une catégorie des plus symboliques, tellement il s’avère difficile de 1) constituer des bateaux performants et 2) faire en sorte qu’ils le soient sur la durée. Autrement dit, il est déjà dur de faire qu’un équipage gagne, mais faire que cet équipage performant aux championnats du monde concrétise ces performances aux Jeux Olympiques relève d’une autre paire de manche. Le succès du Deutschland Achter, triple champions du monde et champions olympiques nous fait oublier que nombreux avant eux ont fini au tapis une fois aux Jeux : le huit canadien en 2004, les huit américains en 2000, 1996, 1988, 1976, les allemands en 1992, les Néozélandais en 1968 et 1984, la RDA en 1972 et les allemands de Ratzburg en 1972 et 1964. Champions du monde, ces équipages furent défaits en finale olympique, parfois finissant même hors des médailles. Autant dire qu’invaincu pendant trois ans, le huit allemand aura su défier les statistiques en s’imposant sur les eaux d’Eton Dorney, un exploit relevant à ce stade même du miracle. A l’aune de la troisième étape de la coupe du monde à Lucerne, deux équipages restaient invaincus : les allemands et les anglais, les uns ayant remporté les championnats d’Europe, les autres, l’or à Sydney et Lucerne. Le huit anglais médaillé olympique, renforcé par trois rameurs champions olympiques en quatre sans (Hodge, Reed et Gregory) ainsi que du deux sans barreur médaillé l’an passé, allait pourtant se faire écorcher vif par le tout nouveau huit américain en éliminatoire. Le Deutschland Achter dominera d’une main de fer la finale, mais parti sans doute un peu trop fort, devra s’incliner face au huit US lors des derniers mètres après un fantastique mano a mano qui aura tenu le monde de l’aviron en haleine. Première défaite depuis Pékin… La fin d’une ère ? Le huit allemand, équipage recomposé et si l’on en croit son chef de nage Eric Johannesen, encore en manque de repères, et devant, contrairement aux américains qui s’entraînent full time, concilier entraînement et études, profiterons des vacances scolaires pour donner un coup de collier qui peut être transformera cette défaite à Lucerne en simple parenthèse malheureuse dans le parcours de ce formidable Deutschland Achter. Finissant à la quatrième place, le huit anglais devra se remettre de ce KO et ses rameurs auront à coeur d’être acteurs lors de la finale à Chungju, leur futur dans ce bateau en dépendra directement. Les néerlandais, formidables troisièmes à Lucerne seront dans le tas. Le huit français, projet neuf aura su montrer en coupe du monde qu’il pouvait sans scrupule déjà jouer dans le cour des grands et être acteur lors de courses couperet, après une médaille de bronze à Eton et une 5e place à Lucerne. Les allemands et américains seront durs à chercher, mais cet équipage très motivé pourrait surprendre… A noter que Mike Spracklen, remercié par Rowing Canada, fera sa rentrée en Russie, et il faudra surveiller de près les bateaux russes, qui risquent fort de venir jouer les troubles fêtes dans les années à venir.

To be continued…

Championnats du monde d’aviron 2013 Chungju, Corée du Sud 25 août- 2 septembre 2013

François Bourquin Crédit photos François Bourquin

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