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Jérémie Azou, rameur du mois sur Worldrowing


Jérémie Azou athlète du mois @Worldrowing

La Fédération Internationale des Sociétés d'Aviron (FISA), par son site www.worldrowing.com a promu notre international, Jérémie Azou, rameur du mois en janvier 2015. A cette occasion, une interview est parue sur ce site (cliquez sur le lien) nous permettant de mieux connaître ce rameur très attachant. Vous trouverez ci-près la traduction française de cet entretien.


1. Avant d’avoir commencé à pratiquer l’aviron, vous étiez déjà sportif. Comment et pourquoi vous êtes-vous impliqué dans le sport en général ?


Oui, je me suis essayé à plusieurs sports étant jeune (football, tennis, gymnastique et natation). J’ai toujours été un peu hyperactif dans mon enfance. C’était un bon défouloir. J’ai fait quatre ans de natation avant d’attaquer l’aviron (entre 8 et 12 ans). Je nageais 7 fois par semaine. C’est ici que j’ai appris les bases de l’entrainement et que j’ai commencé la compétition. 


2. Pourquoi l’aviron ?


Après quatre années à compter les carreaux de la piscine j’en ai eu marre. J’ai décidé d’arrêter et de changer (même si j’avais un bon niveau). Au début je pensais faire de l’athlétisme ou du triathlon parce que j’avais de bonnes aptitudes pour ces sports. Mon père m’a proposé d’essayer l’aviron (sport qui m’était complètement inconnu à l’époque. Et personne n’en avait jamais fait avant dans ma famille). Pour mon premier essai j’ai retrouvé des copains d’enfance (entre temps j’avais déménagé avec mes parents). Je suis d’abord resté pour les copains…jusqu’au jour où ils ont arrêté, et j’ai continué.


3. Vous avez remporté bon nombre de médailles dans diverses catégories de bateaux au fil des années – LM1x, LM2x et LM4x. Comment chacune de ces catégories sont-elles uniques et spéciales à vos yeux ?


Il n’y a que le double au programme des Jeux Olympiques pour les Poids Légers. Ce bateau s’impose donc comme le plus intéressant sportivement et le plus motivant. Ayant surtout évolué en deux de couple, c’est l’embarcation dans laquelle j’ai le plus d’expérience, le plus de résultats et donc de bons souvenirs. C’est un bateau qui reste facile à ramer. C’est la raison pour laquelle il faut aller au plus profond de la cohésion si l’on veut faire la différence. C’est ce que j’apprécie dans ce bateau.

En France le système de sélection se base sur la valeur individuelle de chacun. Chaque année le championnat de France en Skiff permet de nommer les deux « élus » qui composeront le double pour la saison internationale. Le skiff est donc un passage incontournable et obligatoire pour tout rameur poids léger français souhaitant poursuivre l’aventure et aller un jour aux JO. C’est d’ailleurs une grosse partie de notre entrainement : la quasi-totalité de la préparation hivernale se fait en skiff. Indépendamment de l’importance du skiff dans notre système de sélection j’aime ce bateau. Je reste aussi un solitaire dans l’âme. J’aime n’être confronté qu’à moi-même, connaitre ma valeur et me sentir seul sur l’eau à l’entrainement le matin quand le ciel se lève. C’est à la fois un moment de plénitude et de vide intérieur.

Le 4x reste le bateau roi. Il n’y a rien de plus beau qu’une victoire collective. J’y ai fait ma première médaille internationale et je viens d’un club dont c’est la spécialité. Ça reste donc mon bateau de cœur. La sensation de glisse, de vitesse et de cohésion reste exceptionnelle quand on la ressent dans cette embarcation. 


4. De quel résultat êtes-vous le plus fier en aviron ?


Question très difficile en effet, je dirais pour l’instant notre finale à Henley. Le cadre, le format de course, la confrontation poids léger contre poids lourds, le coté mythique, la concurrence, l’aboutissement et la difficulté de la course, la victoire sur le fil, le coté British….la liste est trop longue mais il semblerait que ce soit le résultat dont je suis le plus fier pour l’instant.


Henley 2015 avec Stany Delayre en 2X poids-léger

5. Quelle a été votre course la plus mémorable ? Pourquoi ?


Je n’aime pas trop répondre à ce type de question parce qu’il est évident que chaque victoire reste mémorable et a sa propre histoire. Je mentionnerais néanmoins notre finale à Henley (une fois de plus). Le cadre était impressionnant, nous étions poids légers, Stany revenait de blessure, tout s’est joué dans les derniers mètres à l’issue d’un super duel.


6. Quelle est votre force principale ?


Sans hésiter le mental. Je pense que j’ai cette qualité depuis le début. Je l’ai certainement hérité de mon éducation.


7. A votre avis, quelle est votre principale faiblesse ?


Surement la technique. J’ai une approche assez basique et pragmatique du coup d’aviron. Il faut constamment que je travaille ma technique pour rentrer dans le « moule » quand je suis en équipage. 


8. Votre avis, comment Stany Delayre et vous-mêmes vous complétez-vous ?


Je pense que nous nous sentons bien dans nos rôles respectifs. A son poste Stany doit constamment s’adapter à mon geste. Tel un caméléon il doit se calquer sur ma manière de faire. La difficulté consiste à arriver à s’employer à 100% dans un geste qui ne t’appartient pas. De mon côté j’ai la liberté « d’imposer » mon « style ». Je donne le rythme en essayant d’être le plus régulier possible. Je dois être un métronome. Pour le reste nous sommes sur le même fonctionnement, c’est ce qui fait notre force : générosité dans l’effort, écoute de l’autre, confiance, rigueur et……gestion du poids.


9. Vous avez remporté la Double Sculls Challenge à la Régate Royale de Henley en 2014. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?


Comme mentionné plus haut il s’agit certainement du plus beau souvenir de notre carrière pour l’instant (c’est d’ailleurs la photo de couverture de mon compte Face Book)


10. Comment décrieriez-vous vos adversaires principaux en double poids léger ?


Nous avons la chance d’avoir des adversaires de choix. Chacun à sa signature : j’aime la technique des Sud-Africains, la combativité des italiens, la bonhomie des norvégiens, la jeunesse des allemands. Sans oublier les Suisses qui forment un super tandem je trouve.


11. Vous avez récemment réalisé un temps de 5:57.5 sur l’ergomètre. Comment cela s’est-il passé ?


J’ai battu tous mes chronos de référence sur la préparation. Mais j’étais assez méfiant parce que l’an dernier il m’était arrivé presque la même chose sauf que je n’avais signé « qu’un » 6’09’’5. Ça reste donc la course d’un jour. Mais cette fois c’était la bonne. Je suis parti sur des bases prudentes (1’30-1’31 de moyenne). Au passage du 1000m je savais que je passerais sous les 6’. J’avais encore de bonnes jambes. J’ai surtout fait un super dernier 500m (1’26’’6). C’est ce qui explique le chrono final (1’30’’1, 1’30’’7, 1’30’’2, 1’26’’6). Je suis très fier d’être passé sous la barre mythique des 6’. J’espère encore m’améliorer.


12. Avez-vous un bassin d’aviron préféré ?


Aiguebelette bien sûr. Nous faisons beaucoup de stage avec l’Equipe de France là-bas. Les conditions sont souvent idéales, le cadre est juste magnifique….et c’est proche de Lyon où j’habite.


Champoins du Monde 2015 avec Stany Delayre (2XSHPL)

13. Vous êtes le parrain de l’équipe nationale junior. Qu’est-ce que cela représente pour vous et comment avez-vous rempli ce rôle ?


Je suis le parrain de l’Equipe de France Junior depuis 2009. Chaque année je passe les voir pendant leur préparation terminale. Je parraine souvent un bateau plus particulièrement. Quand j’interviens j’essaie de leur faire passer des messages importants : concilier sport et études c’est possible, ça demande une bonne organisation mais c’est réalisable. Ils peuvent demander des aides financières aux institutions locales ou régionales, je les aide à faire des courriers ou contacter les bons services. Je parle de régime à ceux qui voudront faire poids légers. Je les incite à me poser leurs questions via les réseaux sociaux et Face book pour leur apporter un maximum d’expérience. C’est le plus important : les motiver et partager son expérience. Je reste persuadé que quelques mots et quelques conseils peuvent changer une carrière. Si je le fais c’est par conviction et parce que je n’en ai pas bénéficié quand j’étais plus jeune.


14. Comment décririez-vous l’état actuel du sport de l’aviron en France ?


Nous souffrons d’un manque de visibilité (comme beaucoup trop de sports olympiques français). C’est triste mais l’amateurisme qui touche notre sport le protège aussi, je pense, du dopage et de certains abus. Tous les rameurs français suivent des études et ont un métier en plus de leurs entrainements. Je me suis amusé à calculer : en moyenne, un rameur français finit sa carrière avec un grade Master1. Je trouve ça super. Je pense que nous ne sommes pas loin de l’équilibre parfait pour un athlète où il peut s’épanouir socialement via sa passion et sa profession. La semi-professionnalisation reste le meilleur compromit à mes yeux.


15. Vous êtes physiothérapeute et avez récemment fait une formation en ostéopathie.

Qu’est-ce qui vous a conduit à choisir cette profession et quels sont vos but professionnels ?


J’ai eu la chance de savoir très jeune ce que je voulais faire comme métier (vers 12-13 ans). Dans mon entourage j’ai toujours connu des kinésithérapeutes, c’est peut-être ce qui a déclenché cette vocation. Je suis en train de finir ma formation d’ostéopathie (je serais diplômé en Juin 2015). J’adore mon métier : le relationnel avec les patients, la rééducation, l’anatomie, la physiologie, la satisfaction de soulager les gens……J’aime me dire que mes mains sont mes outils de travail. J’aimerais monter ma propre structure de soins une fois ma carrière de sportif terminée. J’interviens aussi dans les entreprises pour faire de la prévention et former le personnel en « Gestes et Postures ». Le concept me plait beaucoup et je reste persuadé qu’il y a un gros travail de fond à faire pour limiter certaines pathologie comme les troubles musculo-squelettiques. 


16. Comment avez-vous réussi à combiner vos études professionnelles avec la pratique de l’aviron au niveau élite ?


Ça n’a pas été facile. Je pense que ça a retardé un peu ma progression. Mais je ne regrette rien. Mes années passées à l’école de kiné ont été dures : je ne faisais que travailler et m’entrainer, presque aucune vie sociale en dehors. En mode « No Life », juste horrible. Mais bon, il parait qu’avec le temps tous les souvenirs sont bons, alors…


17. Vous êtes un musicien accompli. De quels instruments jouez-vous? Trouvez-vous régulièrement le temps de faire de la musique ? Pourquoi la musique est-elle importante pour vous ?


J’ai pris des cours de batterie entre 11 et 18 ans. Je continue d’en faire pour mon plaisir et éviter de trop perdre. Vers mes 15 ans je me suis mis à la guitare (parce que ma petite sœur venait de s’inscrire). J’ai profité de l’occasion. En 2012 j’avais presque finit mes études de kiné et j’avais plus de temps libre. Je me suis mis au piano en autodidacte. Il a fallu que je reprenne mon solfège mais je voulais absolument savoir jouer les tubes de Yann Tiersen. C’est maintenant chose faite  . J’en fais tous les week-ends, plus les soirs de la semaine quand j’ai le temps. La musique reste le meilleur antidépresseur que je connaisse actuellement. N’est-ce pas Friedrich Nietzsche qui disait « Sans la musique, la vie serait une erreur, une besogne éreintante, un exil » ? 


18. Quels sont vos prochains objectifs en aviron ?


Le championnat de France : passage obligatoire pour rester titulaire dans le LM2x Français. Je pense à toute la saison internationale avec, bien sûr, le championnat du monde à Aiguebelette. Courir à domicile sera quelque chose d’unique je pense. Mais plus secrètement les JO de Rio. Depuis la finale de Londres je m’entraine surtout pour cette course.

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