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  • Photo du rédacteurRameurs Tricolores

Revers de médaille...

Rameur international et champion de France dans le milieu des années 70, Patrick Bosdeveix a terminé sa carrière à l’âge de 23 ans, suite à la préparation olympique pour les J.O. de Montréal. Il écrivait en mars 1978 un l‘article suivant qui décrit son vécu de «l'après ». Cet article fut publié dans le bulletin municipal de Mantes-la-Jolie, où se trouvait son club.

Contrairement à aujourd’hui, être sportif de haut niveau était plus une gêne qu’une rampe de carrière.


Patrick Bosdeveix (1974)

« En France, nous avons pour habitude de voir nos athlètes disparaître de la compétition dès qu’ils arrivent à l’âge où ils pourraient atteindre les résultats que, tous, nous pouvons espérer d’eux, c'est-à-dire glaner autant de médailles que leurs homologues étrangers (surtout de l’Est). Pourquoi ? »


« Eh bien, on peut répondre assez facilement que leurs études ou leur profession les empêchent de continuer, possible ! Ou alors, on dira qu’il y a eu le mariage, et sa femme ! … D’accord, il y a de cela, et puis le travail, les enfants… et c’est un peu vrai aussi, mais il y a, je crois un tout autre problème qui, lui, est très grave ; ce problème, je dirais qu’il vient de l’entourage de l’athlète : un jeune homme de vingt ans est obnubilé par ce sport qu’il pratique plus qu’assidument depuis 7 ou 8 ans déjà. Les résultats sont tellement satisfaisants qu’il rêve et que ses rêves sont très, très près de la réalité. Sa vie est réglée mieux que sur du papier à musique : métro, boulot, sport, dodo. Autour de lui, des jeunes, comme lui, mais, et c’est là que le bât blesse, des jeunes qui, eux, ne connaissent pas sa vie. Ils n’entendent parler de lui que comme d’une « bête d’entrainement » et un ramasseur de médailles et de titres. Lui, ne les entend parler que de boites de nuit, de cinémas, de vie de famille, etc… de choses qu’il ne connaît plus, ou presque, depuis plusieurs mois et même plusieurs années. En bref, il se rend compte que, dans la vie, il y a tout autre chose que tout ce qu’il fait chaque jour et chaque nuit. Au début, cela le fait sourire. Et puis, les saisons passent et il voit toujours les autres de la même manière, mais il se rend compte que, non seulement ses amis mais sa famille sont comme cela et, de plus, tous ces gens ont l’air heureux et, lui, de moins en moins, car il est seul ! »


« Et voilà, le jour où il faut décider de sa vie. L’âme sœur est venue, ou le métier se fait plus intéressant. Bref, il faut choisir. Alors, il s’arrête, une saison seulement, pour souffler, puis après il remettra cela. »


« A peine arrêté, sa vie devient d’une facilité déconcertante. De nouvelles habitudes s’installent. On parle le même langage que les autres. Bref, on semble heureux. »


« La saison de repos est déjà passée et notre jeune homme se sent bien des fourmis dans les jambes. Il a envie de remettre cela. Seulement voilà : réintroduire l’entrainement dans les habitudes de tous les jours, ce n’est pas facile. Et puis, supprimer les habitudes pour de l’entrainement, c’est encore moins facile, parce que l’envie est passée, et surtout parce que la peur de souffrir (le mot est juste) à l’entrainement est là. Il a peur, peur de remettre le doigt dans l’engrenage, peur de devoir sacrifier à nouveau sa vie, peur !!! »


« La foi n’existe plus, la motivation non plus, la carrière est brisée. Seuls restent quelques médailles, quelques maillots, des articles de journaux, des photos et des souvenirs merveilleux. »


« Ces souvenirs lui font une envie folle de remettre cela, mais son environnement sera plus fort, personne autour de lui ne pouvant l’aider et le pousser un peu, juste assez pour que… un jour peut-être on en reparle. »


A méditer à quelques semaines de cette fin d’olympiade.


Patrick Bosdeveix

International de 1971 à 1976

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