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  • Photo du rédacteurRameurs Tricolores

Jean-Paul Pieddeloup a fait son dernier "enlevage"

« Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, Ou comme celui qui conquit la Toison Et puis est retourné plein d’usage et raison (Joachim du Bellay) »


Pourquoi citer Joachim du Bellay en cette circonstance ? Pour ceux qui ne le savent pas ULYSSE était le patronyme que s’était choisi Jean-Paul quand il était maquilleur des plus grandes stars du cinéma français dans les années cinquante. Et puis Jean-Paul comme Ulysse a fait son voyage initiatique à la conquête de l’impossible, dans de nombreux clubs d’aviron de la région parisienne. Initié à la SN Marne il fut une référence incontournable de notre sport dans cette boucle de la Marne, vivier de l’aviron français pendant des décennies. Champion d’Europe en 1947 à Lucerne à la nage du 4+, il fit partie de ces équipes françaises qui o­nt porté les couleurs françaises au plus haut niveau en 1952 et 53.

C’était un meneur d’hommes, d’une exigence rare pour lui comme pour ses équipiers. En ce temps là, à Lucerne, o­n pariait sur les bateaux et Jean-Paul nous racontait comment il engageait les spectateurs français présents à parier sur son bateau pour «ramasser la mise». Cette motivation extrême, cette confiance en lui et en son équipe et cette certitude que rien ne pouvait l’empêcher de gagner sont de tout temps les marques des grands champions... et il en était un des plus grands.

Ensuite il se fit mission de former et entraîner les jeunes dans une volonté permanente et parfois excessive d’en faire des champions. Tous, absolument tous, o­nt été marqué par son engagement qu’il portait parfois trop haut pour ceux qui n’avaient toutes les qualités pour devenir champion. on lui en faisait parfois le reproche, mais rarement les rameurs qui, champions ou pas, o­nt forgé à son contact leur profils d’hommes responsables. C’était un «passeur de passion».

Et sa passion c’était l’aviron, la Marne, les bateaux, la recherche permanente d’une coque qui glisse sur l’eau, que l’on reprend facilement et sans effort apparent à chaque coup et que l’on accélère subitement pour passer définitivement l’adversaire du moment. Sur la Marne il suffisait de rester bord à bord quelques instants pour que Jean-Paul «envoie» sans rien dire une bonne série, une manière de dire «qu’on peut toujours» ou de montrer à ses équipiers comment il fallait faire

A 80 ans l’Encou, son club de cœur, lui offrit une course mémorable...à la nage d’un huit de couple, composé de tous les champions du club. Ce fut une de ses plus grandes émotions.

A plus de 80 ans il continuait à ramer dans la recherche de l’excellence car il était entré en « aviron » comme o­n entre en religion et notre sport était une grande partie de sa vie.

Il fut et restera comme celui qui n’abdique jamais, un conquérant de l’impossible, un anticonformiste qui ne s’est jamais investi dans les structures fédérales. Il a été, avec Philippe Fauveau, le rénovateur de l’A.I.A. Sur les bassins et à l’A.I.A. sa présence nous manquera.

Jean Paul ta Toison d’Or tu l’as conquise dans notre reconnaissance.


Daniel Forget

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